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Conférence Catherine Kinztler Laïcité : ordre des raisons et structures.​

Conférence Catherine Kinztler Laïcité : ordre des raisons et structures.

La conférence a eu lieu ce jeudi 25 mai.
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Présentation de la conférence

Mon objet est d’exposer la proposition thĂ©orique par laquelle j’ai tentĂ© d’élucider l’idĂ©e laĂŻque moderne et d’y rĂ©flĂ©chir. C’est une dĂ©marche qui s’apparente Ă  un modèle dĂ©ductif et qui, dans son dĂ©ploiement, se laisse volontiers reprĂ©senter de manière structurale.

Un noyau conceptuel initial était nécessaire. Celui-ci remonte à la philosophie
politique de la fin du XVII e siècle qui, en Ă©tablissant la sĂ©paration entre foi et loi, pose la question de la nature du lien politique : faut-il le penser sur le modèle du lien religieux ? Un premier dispositif structurant rĂ©organise le champ de la tolĂ©rance et fait apparaĂ®tre la diffĂ©rence laĂŻque. Une sĂ©rie de propriĂ©tĂ©s en dĂ©coule, qui mène Ă  un second dispositif structurant – la dualitĂ© du rĂ©gime laĂŻque dont on tire l’idĂ©e de Â« respiration laĂŻque Â». Cela permet d’esquisser une rĂ©flexion sur la question de l’individualisme et sur la notion de laĂŻcitĂ© scolaire.

Repères Biographiques

Catherine Kintzler, agrĂ©gĂ©e de philosophie (1970), docteur d’État ès Lettres (1990), a enseignĂ© en lycĂ©e (1970-1992) avant d’être professeur Ă  l’universitĂ© de Lille (1992-2007).

Short Term Visiting Fellow à l’université de Princeton (2008). Vice-présidente de la Société française de philosophie (2009-2022). Membre fondateur du Comité Laïcité République. Ses travaux portent sur la philosophie de l’art et la philosophie politique.

On trouvera une page de présentation plus détaillée sur son site web :

https://www.mezetulle.fr/catherine-kintzler/

 

Principaux ouvrages publiés

Penser la laïcité

Paris : Minerve, 2015 2 e éd. (2014)

Editions critiques

Condorcet Cinq Mémoires sur l’instruction publique

(en collab. avec Charles Coutel), Paris : Garnier-Flammarion, 1994

Gérald Bronner : Métamorphoses du complotisme contemporain

RĂ©sumĂ©. — Les thĂ©ories du complot sont des serpents de mer de l’imaginaire humain. Elles n’ont donc pas Ă©tĂ© inventĂ©es par l’ère numĂ©rique. Cependant, la dĂ©rĂ©gulation du marchĂ© cognitif que reprĂ©sente Internet a apportĂ© une nouvelle vitalitĂ© Ă  ces propositions intellectuelles. L’objectif de cette confĂ©rence sera d’expliquer pourquoi. 

Bio-bibliographie. — GĂ©rald Bronner est Professeur Ă  la Sorbonne, membre de l’AcadĂ©mie des technologies et de l’AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine. Sociologue, il travaille notamment sur les croyances collectives et a publiĂ© de nombreux ouvrages sur ces questions. Ses travaux ont Ă©tĂ© couronnĂ©s de plusieurs dont le prix des Lumières, le prix Aujourd’hui ou encore le prestigieux European Amalfi Prize For Sociology and Social Sciences.

Ouvrages :

1)     Les Origines – Pourquoi devient-on qui l’on est, Paris, Autrement, 2023. 2)     Apocalypse cognitive, Paris, Puf, 2021. 

3)     DĂ©chĂ©ance de rationalitĂ©, Paris, Grasset, 2019.

4)     Cabinet de curiositĂ©s sociales, Paris, Puf, 2018.  Réédition en poche (Puf, Quadrige) 2020.

5)     Le danger sociologique (avec Etienne GĂ©hin), Paris, Puf, 2017.

6)     CrĂ©dulitĂ© et rumeurs (avec J-P. Krassinsky), Le Lombard, Bruxelles, 2018. 

7)     Belief and Misbelief Asymmetry on the Internet, Londres, ISTE, 2015.

8)     La planète des Hommes – rĂ©enchanter le risque, Paris, Puf, 2014.

9)     La dĂ©mocratie des crĂ©dules, Paris, Puf, 2013. 

10)  The Future of Collective Beliefs, Oxford, Bardwell Press, 2011.

11)  L’inquiĂ©tant principe de prĂ©caution (avec Etienne GĂ©hin), Paris, Puf (Collection Quadrige), 2010 – réédition 2014.

12)  La pensĂ©e extrĂŞme, Paris, DenoĂ«l, 2009. Publication augmentĂ©e Paris, Puf, 2016.

13)  L’empire de l’erreur â€“ ElĂ©ments de sociologie cognitive, Paris, Puf (collection Sociologies), 2007. Réédition poche en 2023. 

14)  CoĂŻncidences â€“ Les reprĂ©sentations sociales du hasard, Paris, Vuibert, 2007 – Deuxième Ă©dition Paris, Vuibert, 2009.

15)  Vie et mort des croyances collectives, Paris, Hermann, 2006.

16)  Manuel de nos folies ordinaires (avec Guillaume Erner), Paris, Mango, 2006.

17)  L’empire des croyances, Paris, Puf (Collection Sociologies), 2003. Réédition en poche (Puf, Quadrige) 2018.

18)  L’incertitude, Paris, Puf (collection Que-sais-je? ), (1997). 

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Pour ĂŞtre informĂ© des prochains sĂ©minaires, abonnez-vous Ă  notre lettre d’information sur le site de l’Observatoire des IdĂ©ologies Identitaires.

Science, universalisme et laïcité avec Nathalie Heinich

RĂ©sumĂ©. — Depuis deux ans qu’existe notre Observatoire s’est affirmĂ©e de plus en plus nettement la double branche sur laquelle nous devons asseoir notre action : l’autonomie de la science sur le plan Ă©pistĂ©mique, et l’universalisme sur le plan politique. L’un et l’autre ont Ă  voir avec les valeurs des Lumières, ainsi qu’avec une vieille tradition de la gauche fortement liĂ©e Ă  la laĂŻcitĂ©. D’oĂą l’importance stratĂ©gique d’une affirmation « non droitière » de la lutte contre le wokisme, qui nous (Français) distingue assez nettement des AmĂ©ricains, et nous permettra peut-ĂŞtre de gagner des alliĂ©s lĂ  oĂą nous en avons besoin.

Nathalie HEINICH est sociologue au CNRS (Paris). Outre de nombreux articles, elle a publiĂ© près d’une quarantaine d’ouvrages, traduits en quinze langues, portant sur le statut d’artiste et d’auteur (La Gloire de Van Gogh, Du peintre Ă  l’artiste, Le Triple jeu de l’art contemporain, ĂŠtre Ă©crivain, L’Élite artiste, De l’artification, Le Paradigme de l’art contemporain) ; les identitĂ©s en crise (États de femme, L’Épreuve de la grandeur, Mères-filles, Les Ambivalences de l’émancipation fĂ©minine, Ce que n’est pas l’identitĂ©) ; l’histoire de la sociologie (La Sociologie de Norbert Elias, Ce que l’art fait Ă  la sociologie, La Sociologie de l’art, Pourquoi Bourdieu, Le BĂŞtisier du sociologue, Dans la pensĂ©e de Norbert Elias, La Sociologie Ă  l’épreuve de l’art, La Cadre-analyse d’Erving Goffman) ; et les valeurs (La Fabrique du patrimoine, De la visibilitĂ©, Des valeurs). Elle a par ailleurs publiĂ© trois rĂ©cits autobiographiques en forme de « trilogie des maisons Â» : Une histoire de France, Maisons perdues et La Maison qui soigne. Dernier ouvrage paru : La Valeur des personnes

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L’Observatoire du dĂ©colonialisme et des idĂ©ologies identitaires

L’Observatoire du dĂ©colonialisme est un collectif portĂ© par le LAIC. 

Nous faisons face aujourd’hui Ă  une vague identitaire sans prĂ©cĂ©dent au sein de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche. Un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques, au nom d’un prĂ©tendu « dĂ©colonialisme Â» et d’une « intersectionnalitĂ© Â» qui croit combattre les inĂ©galitĂ©s en assignant chaque personne Ă  des identitĂ©s de « race Â» et de religion, de sexe et de « genre Â». Ces sociĂ©tĂ©s, assimilĂ©es Ă  « l’Occident Â» aux dĂ©pens de toute approche gĂ©ographique et historique rigoureuse, sont condamnĂ©es comme coloniales et patriarcales et comme lieux oĂą sĂ©vit un « racisme systĂ©mique Â», dans des discours confondant science et propagande. Ce mouvement idĂ©ologique procède Ă  une occupation mĂ©thodique des postes de prestige savant, ce qui l’a fait sortir de la marginalitĂ© malgrĂ© l’extrĂ©misme, l’intolĂ©rance et la vindicte qui le caractĂ©risent.

Les idĂ©ologues qui y sont Ă  l’œuvre entendent « dĂ©construire Â» l’ensemble des savoirs. Il ne s’agit pas pour eux d’exercer librement les droits de la pensĂ©e savante sur ses objets et ses mĂ©thodes, mais de mener la critique des savoirs dans un esprit de relativisme extrĂŞme, discrĂ©ditant la notion mĂŞme de vĂ©ritĂ©. Tout savoir est exclusivement rĂ©duit Ă  des enjeux de pouvoir, et les sciences sont systĂ©matiquement dĂ©noncĂ©es du fait des dominations de race, de culture, de genre, qui seraient Ă  leur fondement. 

Militantisme et « dĂ©construction Â» se conjuguent ainsi pour limiter l’exercice de la rationalitĂ© critique et le dĂ©bat scientifique argumentĂ©. Le nouveau credo du dĂ©colonialisme et des idĂ©ologies identitaires se rĂ©pand sur les rĂ©seaux sociaux qui l’amplifient, et ses adeptes visent quiconque refuse la conversion : des phĂ©nomènes de censure, d’intimidation, de discrimination politique ont instaurĂ© des clivages inĂ©dits et conduisent de jeunes doctorants Ă  s’aligner sur les nouveaux mandarins sous peine de ne jamais obtenir de postes. 

Or, le problème est loin de se cantonner à la profession des enseignants-chercheurs. En effet, la question de la science pose celle de la formation sur laquelle repose l’École, clé de voûte de la République. De plus la conquête méthodique d’une hégémonie culturelle se traduit par une emprise croissante sur les médias, ce qui limite considérablement l’espace du débat démocratique.

C’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’il est crucial de combattre les discriminations racistes et sexistes dans notre sociĂ©tĂ© qu’il est nĂ©cessaire de combattre ces nouvelles formes de fanatisme. Celles-ci s’autorisent de nobles causes sans apporter aucune solution valable aux problèmes soulevĂ©s. De surcroĂ®t, ces nouveaux militantismes fanatiques procèdent Ă  de curieuses inversions. Au nom de l’« antiracisme politique Â», on revendique des identitĂ©s raciales et on assigne les individus Ă  leur « blanchitĂ© Â» ou Ă  leur non « blanchitĂ© Â». En prĂ©tendant dĂ©velopper une Ă©criture « inclusive Â», on entend imposer une orthographe contraire aux fondements de la langue, impossible Ă  enseigner, et donc profondĂ©ment excluante. Au lieu de dĂ©velopper un savoir situĂ© socialement et historiquement, on prĂ©tend enfermer tout savoir dans un genre, une race, une culture ou un âge, qui se trouvent ainsi essentialisĂ©s en identitĂ©s. Ce n’est pas ainsi que l’on combat le racisme, le sexisme ou les inĂ©galitĂ©s Ă  l’intĂ©rieur d’une nation ou entre les nations. Et cet identitarisme qui progresse au sein de l’UniversitĂ© menace en retour de faire progresser d’autres formes d’identitarismes en dehors de l’UniversitĂ©.

En lançant l’Observatoire du décolonialisme et des autres idéologies identitaires qui se présentent comme savantes, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs. C’est pourquoi nous invitons toutes les bonnes volontés du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à contribuer aux travaux de l’Observatoire, à les diffuser et utiliser ses bases de données, pour constater avec nous le ridicule de ces discours dogmatiques qui ignorent tout de la distance à soi. Pour résister fermement aux intimidations idéologiques qui alimentent l’obscurantisme, il faut défendre le pluralisme et le goût de la discussion sur des bases rationnelles.

L’Observatoire du dĂ©colonialisme

L’Observatoire du dĂ©colonialisme est un collectif portĂ© par le LAIC.

Nous faisons face aujourd’hui Ă  une vague identitaire sans prĂ©cĂ©dent au sein de l’enseignement supĂ©rieur et de la recherche. Un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques, au nom d’un prĂ©tendu « dĂ©colonialisme Â» et d’une « intersectionnalitĂ© Â» qui croit combattre les inĂ©galitĂ©s en assignant chaque personne Ă  des identitĂ©s de « race Â» et de religion, de sexe et de « genre Â». Ces sociĂ©tĂ©s, assimilĂ©es Ă  « l’Occident Â» aux dĂ©pens de toute approche gĂ©ographique et historique rigoureuse, sont condamnĂ©es comme coloniales et patriarcales et comme lieux oĂą sĂ©vit un « racisme systĂ©mique Â», dans des discours confondant science et propagande. Ce mouvement idĂ©ologique procède Ă  une occupation mĂ©thodique des postes de prestige savant, ce qui l’a fait sortir de la marginalitĂ© malgrĂ© l’extrĂ©misme, l’intolĂ©rance et la vindicte qui le caractĂ©risent.

Les idĂ©ologues qui y sont Ă  l’œuvre entendent « dĂ©construire Â» l’ensemble des savoirs. Il ne s’agit pas pour eux d’exercer librement les droits de la pensĂ©e savante sur ses objets et ses mĂ©thodes, mais de mener la critique des savoirs dans un esprit de relativisme extrĂŞme, discrĂ©ditant la notion mĂŞme de vĂ©ritĂ©. Tout savoir est exclusivement rĂ©duit Ă  des enjeux de pouvoir, et les sciences sont systĂ©matiquement dĂ©noncĂ©es du fait des dominations de race, de culture, de genre, qui seraient Ă  leur fondement. 

Militantisme et « dĂ©construction Â» se conjuguent ainsi pour limiter l’exercice de la rationalitĂ© critique et le dĂ©bat scientifique argumentĂ©. Le nouveau credo du dĂ©colonialisme et des idĂ©ologies identitaires se rĂ©pand sur les rĂ©seaux sociaux qui l’amplifient, et ses adeptes visent quiconque refuse la conversion : des phĂ©nomènes de censure, d’intimidation, de discrimination politique ont instaurĂ© des clivages inĂ©dits et conduisent de jeunes doctorants Ă  s’aligner sur les nouveaux mandarins sous peine de ne jamais obtenir de postes. 

Or, le problème est loin de se cantonner à la profession des enseignants-chercheurs. En effet, la question de la science pose celle de la formation sur laquelle repose l’École, clé de voûte de la République. De plus la conquête méthodique d’une hégémonie culturelle se traduit par une emprise croissante sur les médias, ce qui limite considérablement l’espace du débat démocratique.

C’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’il est crucial de combattre les discriminations racistes et sexistes dans notre sociĂ©tĂ© qu’il est nĂ©cessaire de combattre ces nouvelles formes de fanatisme. Celles-ci s’autorisent de nobles causes sans apporter aucune solution valable aux problèmes soulevĂ©s. De surcroĂ®t, ces nouveaux militantismes fanatiques procèdent Ă  de curieuses inversions. Au nom de l’« antiracisme politique Â», on revendique des identitĂ©s raciales et on assigne les individus Ă  leur « blanchitĂ© Â» ou Ă  leur non « blanchitĂ© Â». En prĂ©tendant dĂ©velopper une Ă©criture « inclusive Â», on entend imposer une orthographe contraire aux fondements de la langue, impossible Ă  enseigner, et donc profondĂ©ment excluante. Au lieu de dĂ©velopper un savoir situĂ© socialement et historiquement, on prĂ©tend enfermer tout savoir dans un genre, une race, une culture ou un âge, qui se trouvent ainsi essentialisĂ©s en identitĂ©s. Ce n’est pas ainsi que l’on combat le racisme, le sexisme ou les inĂ©galitĂ©s Ă  l’intĂ©rieur d’une nation ou entre les nations. Et cet identitarisme qui progresse au sein de l’UniversitĂ© menace en retour de faire progresser d’autres formes d’identitarismes en dehors de l’UniversitĂ©.

En lançant l’Observatoire du décolonialisme et des autres idéologies identitaires qui se présentent comme savantes, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs. C’est pourquoi nous invitons toutes les bonnes volontés du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à contribuer aux travaux de l’Observatoire, à les diffuser et utiliser ses bases de données, pour constater avec nous le ridicule de ces discours dogmatiques qui ignorent tout de la distance à soi. Pour résister fermement aux intimidations idéologiques qui alimentent l’obscurantisme, il faut défendre le pluralisme et le goût de la discussion sur des bases rationnelles.